Des enfants handicapés déscolarisés faute d’accueil approprié, des accompagnants d’élèves précaires peu formés, parfois absents ou encore des parents qui espèrent depuis des mois une aide pour que leur enfant handicapé soit scolarisé... toutes ces réclamations représentaient en 2021 près de 20 % des saisines adressées à la Défenseure des droits, Claire Hédon, dans le domaine des droits de l’enfant. Avec l'impulsion donnée ces dernières années à l'école inclusive, 400 000 enfants en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire en 2021, une hausse de 19 % sur cinq ans, selon un rapport publié récemment.
Manque de moyens considérable
Pour les aider, les accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) recrutés par l'Education nationale ont augmenté de 35 % en 5 ans et 125 000 ont été recrutés en 2021. En conclusion du rapport, la Défenseure des droits souligne malgré tout le décalage persistant « entre l'augmentation des moyens humains et financiers » et « le nombre grandissant d'enfants dont les besoins sont très largement non ou mal couverts ».
« Ce qui nous a frappés dans les réclamations reçues ces derniers mois et qui sont en augmentation, ce sont les attributions d'AESH qui ne sont pas appliquéesfaute de moyens financiers et humains », relève Claire Hédon, la Défenseure des Droits, dans un entretien à l'AFP. « Or, les conséquences sont dramatiques pour l'enfant : non scolarisation,
déscolarisation, ou très peu d'heures de cours », relève-t-elle, réclamant des « statistiques plus fines sur le temps de scolarisation effective » de ces élèves aux besoins spécifiques. La Défenseure recommande également « d'inscrire dans les budgets de chaque
année scolaire une enveloppe prévisionnelle pour les demandes d'AESH en cours d'année », dont beaucoup sont refusées par les établissements scolaires faute de budget.
L’intérêt supérieur de l’enfant
Dans ce rapport, la Défenseure des Droits recommande également que les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), qui notifient le besoin d'une AESH, se fondent exclusivement sur les besoins de l'enfant, et pas sur le manque de moyens de
l'académie. Des situations remontées au Défenseur des Droits font apparaître que certains Pôles inclusifs d'accompagnement localisé (Pial), qui coordonnent les aides humaines, « font primer la gestion des ressources humaines sur la réponse aux besoins de l'enfant ».
Les AESH, dans leur grande majorité des femmes, ne sont pas assez formées, parfois peu intégrées aux équipes pédagogiques, ont des missions insuffisamment définies, et parfois peu de relations avec les parents. Claire Hédon relève particulièrement un manque de formation aux différentes formes de handicap : « On ne prend pas en charge de la même manière un enfant autiste et un élève dyslexique ».
Le statut des AESH, rémunérés par l'Education nationale, a été amélioré ces dernières années, mais comptent pourtant toujours des temps partiels de 24 h par semaine, avec des salaires autour de 800 euros. Le rapport pointe en particulier les difficultés du temps périscolaire, comme la cantine, où les intervenants sont rémunérés par les collectivités locales.
Claire Hédon souligne spécifiquement un besoin du système éducatif de s'adapter aux élèves en situation de handicap et pour cela mieux former les enseignants à les prendre en charge, au lieu de compter uniquement sur les AESH. L'attribution d'un AESH n'est « ni un préalable, ni une condition à la scolarisation de l'élève », rappelle-t-elle.
« C'est à l'école de s'adapter. Et ce que l'on voit, c'est qu'on demande à l'enfant de s'adapter à l'école », conclut la Défenseure des Droits.