Après un discours d’ouverture du bâtonnier de Paris, Pierre-Olivier Sur, et du vice-bâtonnier, Laurent Martinet, sur l’importance du respect des droits fondamentaux et du rôle de briseur de silence des avocats, Lech Walesa est revenu sur son parcours avec vigueur et humour, insistant particulièrement sur l’importance déterminante de la prise de risque et de la foi pour faire triompher la liberté et les droits de l’Homme. « Il suffit que 10 % de la population soit de bonne volonté pour que le monde change. Il suffit de croire en vous-même et dans les choses qu'il faut faire et presque tout est réalisable ! ».
Le barreau de Paris, particulièrement honoré de la venue du président Walesa, lui a décerné un prix pour son action politique. L’invité a évoqué son combat opiniâtre et déterminé pour la démocratie et a insisté sur le rôle déterminant de l’intégration européenne pour le développement économique des Etats membres et la préservation de la paix sur le continent. Il semblait ravi de recevoir cette distinction de la part du bâtonnier.
« Nous voulions la liberté. Pour ne pas commettre d'erreur, je demandais à tous les grands du monde à l'époque : y a-t-il une chance de sortir du communisme ? Tout le monde me répondait non, ce n'est pas possible, seule une guerre nucléaire peut changer les choses. » Et d’ajouter que la construction de l'UE et la mondialisation sont beaucoup plus simples à faire que la sortie du communisme, et que la nécessité actuelle est d’agrandir les différentes structures politiques.
Lech Walesa propose alors d’établir une liste de 10 valeurs laïques votées démocratiquement qui fonderaient la base de ces structures politiques mondiales.
C’est donc dans l’allégresse et le volontarisme que les avocats et leurs invités ont célébré les 25 ans de l'ouverture des pays communistes par la chute du Rideau de fer et les 10 ans de l'entrée de la Pologne et neufs autres pays de l’Est dans l’Union européenne (UE).
« Aujourd'hui, on constate que la Pologne est un membre à part entière de l'UE, quel chemin parcouru ! Chaque polonais peut dire que les sacrifices en ont valu la peine » conclut Maître Hanna Stypulkowska-Goutierre, avocat au barreau de Paris et présidente de la Chambre de commerce et d’industrie polonaise en France, après avoir récapitulé les réformes juridiques polonaises contemporaines. « La Pologne a pu rattraper à 66 % le niveau de vie moyen de l'UE en 25 ans. Son bilan économique est enviable, mais il n'aurait pu se faire sans des transformations juridiques ».
Consécration dans « la petite Constitution » de 1992 de la règle d'or de l'équilibre budgétaire en 1994 qui responsabilise les Pouvoirs publics, nouvelles constitution polonaise de 1997 qui crée un cadre pour permettre la poursuite du développement des libertés citoyennes, dualité des pouvoirs de l'exécutif, bicamérisme, réforme administrative et forte décentralisation, justice indépendante à double degré de juridiction, loi sur les privatisations et création d'un ministère de la propriété, rétablissement en 2000 du code de commerce de 1934 et introduction d'un nouveau code des sociétés, lois anti-corruption avec sanctions pénales draconiennes en 2003 et création de l'agence centrale anti-corruption en 2006…
Depuis, la Pologne est en surperformance par rapport aux autres pays européens avec une forte croissance économique (1,6 %) et représente la grande réussite de l'Europe centrale avec un PIB à 390 milliards d’euros en 2013.