En six mois seulement, pas moins de 18 519 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi, soit près de 30 % de plus qu’en 2021 à la même période. Avec un contexte difficile, partagé entre la guerre en Ukraine, les séquelles de la crise sanitaire et le pouvoir d’achat mis à mal avec l’inflation, ce sont les petites entreprises qui en souffrent le plus.
Les seniors défavorisés
« Après avoir connu des seuils historiquement bas ces deux dernières années, les chiffres du premier semestre 2022 renouent progressivement avec les niveaux d’avant crise », explique Anthony Streicher, le président de l’association GSC. Parmi les très nombreux chefs d’entreprises qui ont perdu leur emploi, les seniors sont les plus concernés avec un âge médian de 46,7 ans. Pourtant, cela concerne aussi les chefs d’entreprise âgés de 31 à 40 ans ou ceux de plus de 50 ans, qui connaissent de fortes augmentations dans leurs pourcentages de perte d’emploi. « Sans anticipation, je crains que les situations dramatiques ne se multiplient », regrette Anthony Streicher. La région Île-de-France est la plus touchée de France, avec près de 4 000 entrepreneurs en perte d’emploi. Cependant, la progression reste inférieure à la moyenne nationale avec seulement 10,2 % d’emplois perdus en plus ce semestre, contre 28,9 % au niveau national.
Les petites entreprises sujettes à la perte d’emploi
Les entrepreneurs à la tête de petites structures de moins de trois salariés représentent plus des trois quarts des pertes d’emploi pour le premier semestre de l’année. En effet, 88 % des entreprises fermées sont de très petites entreprises déclarant moins de 500 000 € de chiffre d’affaires. Au total, cela correspond à 14 450 structures à l’échelle du territoire métropolitain. Les gérants de Société à responsabilité limité (SARL), les artisans-commerçants ou encore, les dirigeants de Société par actions simplifiées forment l’essentiel des pertes d’emploi et sont les plus touchés. Parmi eux, ce sont les chefs d’entreprise à la tête d’une activité BtoC qui restent les plus vulnérables. Si les aides de l’État ont permis de faire face à la crise sanitaire, les difficultés de pouvoir d’achat des Français ont des conséquences fortes sur la consommation et la situation s’est dégradée pour les professionnels du secteur lié à l’hébergement, à la restauration et aux débits de boisson avec 2 092 pertes d’emploi, ainsi que dans le domaine du commerce avec plus de 3 800 entrepreneurs concernés. A l’inverse, de nombreuses entreprises voient aussi le jour, « près de
90 000 cette année » avance Frédéric Barth, le directeur général d’Altares, soit un nombre bien supérieur à celui de 2019. « Cette dynamique de création d’entreprises confirme la capacité des entrepreneurs à se projeter, en dépit d’un contexte économique difficile », s’enthousiasme-t-il.